Une usine, des femmes en habit de travail, des draps qui défilent. On lit la fatigue sur leurs visages, ou peut-être n'y lit-on rien du tout. Le travail n'est pas vraiment dur, plutôt abrutissant. Elles n'ont pas le choix: un loyer à payer, de enfants à nourrir, un mari au chômage. Alors elles font tout ce qu'elles peuvent, le plus possible car les machines comptent. Et que se passera-t-il si elles sont trop lentes? Personne ne le dit mais tout le monde le sait. C'est la rentabilité ou la porte. Les patrons veulent un travail vite et bien fait, du travail non stop. pas de rêverie, pas de pause clope toutes les heures, ni de petit café en cas de coup de pompe. seule la sonnerie indique que l'on peut sortir. Mais que représentent-elles dans cette entreprise? Rien d'autres que ces chiffres, rien qu'un compteur qui tourne. A quoi pense-t-elles toute la journée? De quoi rêvent-elles? Savent-elles à quel point leur sort est injuste, à quel point elles méritent autre chose? Et moi je suis là, presque tranquille dans cette ruche. Car, moi, je ne joue pas ma vie. Elle est ailleurs bien loin de tout ça. Je me sens honteusement soulagée, et triste pour elles aussi.
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